Loups-Garous partie 2
Dec. 25th, 2013 08:50 pm
Beta : Eliandre
Note : Pourquoi avoir choisi le mois d’octobre pour mois de naissance pour Flynn ? Par rapport au signe de la Balance et à ses différents décans, le deuxième étant celui qui correspondait le mieux à Flynn.
Playlist :
- Krypteria – God I need someone
-Within Temptation – Sinéad
- Krypteria – Run to you
Note dernière minute : Ayant un souci avec FF.net ce jour, je ne poste la suite de cette fic qu'ici le temps de pouvoir me connecter sur FF.net. Et sinon, j'espère que vous passez de bonnes fêtes de Noël.
Face cachée
Qu’est-ce qu’il lui était arrivé ? Où était-il ? Pourquoi faisait-il si sombre autour de lui ? Qui était-il déjà ?
Ah oui. Il se nommait Flynn Scifo et avait vingt et un ans. Il habitait au village d’Aspio depuis sa naissance et avait perdu son père quand il était très jeune. Sa mère, quant à elle, était décédée durant son enfance. Ses amis Judith et Yuri avaient été d’un grand soutien à ce moment-là.
Oui, il commençait à se souvenir…
--§--
Les premiers jours d’octobre étaient là, amenant avec eux la fraîcheur de l’automne ainsi que les couleurs chatoyantes dont commençaient à se parer les arbres de la forêt. A l’époque, il avait quinze ans et ce jour-là, il se réveilla en sentant une délicieuse odeur de nourriture venir à ses narines.
Flynn n’était pas ce que l’on pouvait appeler un gros dormeur et, quand il vit à travers la fenêtre que le soleil était déjà levé depuis un moment, il fut étonné d’avoir dormi aussi longtemps. En même temps, il n’avait pas vraiment chômé la veille, faisant divers petits travaux pour gagner un peu d’argent, donc il se pouvait qu’il ait été bien plus fatigué qu’il ne l’aurait cru en s’endormant la veille.
« C’est rare que je sois le premier levé. »
Le blond se tourna vers son interlocuteur, ses yeux bleus croisant ceux gris de Yuri, son ami d’enfance. Ce dernier le regardait d’un air amusé, posant sur la table deux tasses fumantes près de ce qui ressemblait à une tarte aux pommes.
« Tu devrais essayer de faire une sieste l’après-midi tu sais. » fit le brun avec un sourire en coin. « Je suis certain que cela te ferait un bien fou. »
« Si tu sous-entends par là que je devrais passer mon temps à bailler aux corneilles comme tu aimes tant le faire, tu sais déjà ce que j’en pense. » répliqua-t-il en quittant son lit. « Et puis il faut bien que l’on vive toi et moi. »
« Je le sais bien Flynn mais ce n’est pas une raison pour te tuer à la tâche. »
Sur cette phrase, Yuri s’installa à la table. Il l’imita et, en regardant plus attentivement ce qu’il avait devant lui, il remarqua que les mets étaient moins frugaux qu’ils ne l’étaient d’habitude.
« Judith ne devrait pas tarder à arriver je pense. » fit son ami avant d’émettre un léger rire. « Tu sais quel jour on est j’espère ? »
Il réfléchit quelques instants, se demandant ce qu’il pouvait y avoir de si particulier aujourd’hui. Aucune fête n’était prévue au village et ils étaient début octobre donc…
C’est là qu’il réalisa… C’était déjà le quatrième jour du mois et c’était une des seules occasions où cette table était si bien garnie.
Aujourd’hui, il venait d’avoir seize ans.
--§--
Sa mémoire lui revenait par fragments. Flynn avait l’impression d’assembler les pièces d’un gigantesque puzzle mais sans savoir ce qu’il obtiendrait au final. Probablement des réponses sur sa présence en ce lieu sombre comme la nuit… ou encore comme cette longue chevelure qui semblait si soyeuse à chaque fois qu’il la voyait et qui l’hypnotisait tout autant que son propriétaire…
--§--
C’était quelques semaines après son anniversaire, vers la fin du mois de décembre, que pour la toute première fois de sa vie, il avait vu Yuri tomber malade. A première vue, c’était un simple rhume mais ce qui n’était pas normal, c’était la forte fièvre de son ami qui refusait obstinément de tomber depuis qu’elle était apparue cinq jours plus tôt. Il restait à son chevet principalement la nuit, Judith venant prendre le relai la journée pour qu’il puisse se reposer un peu.
Ce soir-là, la jeune femme venait de rentrer chez elle, lui laissant le soin de veiller sur le brun. Ce dernier ne toussait plus autant qu’au départ et il avait récupéré de l’appétit… pour se plaindre ensuite de sa cuisine, comme il l’avait toujours fait.
Il lui suffisait d’entendre la respiration calme de Yuri pour savoir qu’il commençait à aller mieux. Il ne restait plus qu’a faire disparaitre cette fichue fièvre à présent.
Flynn avait du mal à se lasser d’observer son ami quand il dormait, que ce soit actuellement ou quand il se réveillait en premier le matin. Il était comme fasciné par ce visage au teint clair sans la moindre imperfection, faisant ressortir la profondeur de ce regard d’onyx et offrant un formidable contraste avec cette longue chevelure aussi sombre qu’une nuit sans lune.
D’ailleurs, depuis qu’il était tombé malade, Yuri n’avait pas eu le temps d’entretenir ses cheveux comme il le faisait habituellement chaque matin avec un soin particulier. Le rituel était toujours le même : d’abord la brosse qui venait démêler tout nœud qui aurait pu se former et retirer d’éventuel morceaux de paille, puis le peigne, destiné à remettre à sa place chaque mèche de cheveux qui ne l’était plus. C’était le seul moment où il faisait preuve d’un peu de coquetterie, ce qui n’avait jamais été pour lui déplaire.
--§--
A l’époque, il n’avait pas encore bien compris la réelle nature de ses sentiments envers son meilleur ami. Il lui avait fallu du temps pour s’apercevoir que quelque chose n’était pas logique.
L’arrivée de Repede parmi eux puis de Patty avaient été les deux évènements qui le poussèrent à repenser à sa relation avec Yuri.
Quand il réalisa enfin ce que lui murmurait son cœur depuis tant de temps, il fut immédiatement prêt à lui dire ce qu’il ressentait. Cependant, il ignorait que le jour où il comptait le faire, Alexei, en le convoquant en secret dans la forêt ce soir de pleine lune, la donne changerait totalement et que, pour le bien de ceux qu’il chérissait, il allait devoir s’éloigner d’eux, gardant ainsi à distance cet animal qui s’était éveillé en lui…
--§--
Cela devait bien faire une dizaine de jours qu’il avait quitté Aspio dans l’espoir de trouver une solution à son problème. Cette morsure qu’il avait à l’épaule gauche le lançait encore horriblement bien qu’elle avait plus d’un mois à présent. Comment était-il parvenu à le cacher aux autres ? Il ne le savait pas lui-même mais il était certain que Repede, vu la façon dont il le fixait de son œil valide, avait senti que quelque chose avait changé chez lui.
Il était arrivé à Zaphias dans la nuit, complètement épuisé par la longue marche qu’il avait faite. Il n’avait pratiquement pas emporté de bagages avec lui, ne s’encombrant que de sa sacoche de cuir qui contenait le strict nécessaire pour se payer à manger ou bien chasser en chemin. Cet animal qui s’était éveillé en lui avait été d’un grand secours pour l’aider à trouver du gibier, lui indiquant dans quels coins il avait le plus de chance de trouver de quoi se nourrir.
En déambulant dans les différentes rues de la ville, il finit par apercevoir une fontaine, lui rappelant que sa gorge était particulièrement sèche. Il s’avança vers elle péniblement, son corps tout entier lui rappelant par la douleur qu’il devait impérativement se reposer. Alors qu’il se penchait pour boire un peu de cette eau claire, la fatigue choisit cet instant pour prendre le dessus sur lui et il se sentit tomber dans l’eau, sa vue devenant aussi sombre que la nuit.
Flynn se réveilla brusquement le lendemain matin. En regardant autour de lui, il constata qu’il était dans une pièce ne comportant qu’une table avec une chaise ainsi que le lit sur lequel il se trouvait et une armoire en bois en guise de mobilier. Il y avait aussi une porte et une fenêtre. En jetant un coup d’œil à travers cette dernière, il pouvait apercevoir une rue pavée séparée en deux par un petit canal.
« Oh ? Bonjour ? »
En entendant cette voix féminine, le blond se retourna pour tomber nez à nez avec une jeune femme aux courts cheveux roses et aux grands yeux turquoise. Elle était vêtue d’une ample robe blanche à manches longues et portait une croix en argent autour de son cou.
« Bonjour… » répondit-il, un peu déstabilisé.
Celle aux cheveux roses lui fit un grand sourire avant de se rapprocher de lui.
« Je suis contente de voir que vous allez bien. Vous avez eu de la chance que je fasse ma promenade nocturne à cet instant précis ou bien je ne vous aurais peut-être pas entendu. »
Il cligna plusieurs fois des yeux, encore un peu déboussolé, tout en se remémorant comment il avait pu atterrir ici. C’est là qu’il se souvint qu’il était tombé dans la fontaine la veille et, s’il se fiait à ce que cette fille venait de lui dire, elle l’avait probablement sauvé de la noyade.
« Mon nom est Estelle, et vous ? » demanda-t-elle, toujours avec le sourire.
« Flynn. » répondit-il. « Je vous remercie pour votre aide mais je ne peux pas rester plus longtemps. J’ai quelque chose d’important à faire. »
« C’est en rapport avec la morsure à votre épaule ? »
En entendant cela, il se figea, se rendant compte d’un détail auquel il n’avait pas prêté attention à son réveil : sa morsure ne le lançait plus. Comment était-ce possible ?
« Vous savez Flynn, je sais reconnaître un autre loup-garou quand j’en vois un. » fit-elle, l’air sérieuse. « Vous ne seriez pas le premier à vous faire mordre et à avoir du mal à vous contrôler au départ. C’est ce qui, bien souvent, différencie un transformé d’un né-loup. »
Un autre loup-garou ? Mais alors, Estelle était…
« Vous aussi vous êtes… » commença-t-il, la stupéfaction présente sur son visage.
« Oui, je suis moi aussi un loup-garou. » dit-elle comme si cela n’avait rien d’extraordinaire pour elle. « Pour être exacte, je suis une née-louve contrairement à vous. »
Après que le choc fut passé, ils discutèrent un peu avant de manger à l’auberge. Estelle était vraiment une personne très agréable et il devait admettre qu’il se sentait mieux depuis qu’il l’avait rencontrée. Elle admettait ne pas pouvoir comprendre tout ce qu’il endurait depuis qu’il avait été mordu mais elle l’avait rassuré en lui précisant que vivre avec était parfaitement possible.
Par la suite, ils quittèrent Zaphias et firent route vers les bois de Quoï.
« Ce ne serait pas plus simple de passer par Deidon ? » demanda-t-il, sachant très bien que ces bois avaient une sinistre réputation.
« Si on veut pouvoir atteindre Halure à l’aube sans que personne ne nous voit nous métamorphoser, c’est le chemin le plus court. » répondit-elle avec le sourire.
Flynn se demanda un instant si sa camarade n’avait pas perdu l’esprit. Ce soir, il n’y avait qu’un simple croissant de lune donc aucune transformation en loup-garou ne serait possible. Comment espérait-elle traverser cette forêt réputée hantée en une seule nuit ?
Il eut sa réponse quand, certaine que personne ne les verrait, la jeune femme lui montra deux objets. Le premier était la croix qu’elle portait autour du cou et le second était un anneau en acier serti d’une pierre blanche aux reflets bleutés.
« Certains loups-garous possèdent un objet en argent ainsi qu’une pierre de lune (1). » expliqua-t-elle. « Le premier nous sert à ne pas nous transformer les soirs de pleine lune et le second permet de se transformer même les soirs sans lune. Généralement, les gens comme vous et moi ont plutôt le premier en leur possession. C’est assez rare de voir des loups-garous possédant des pierres de lune. »
Cela pouvait se comprendre. Déjà qu’il avait du mal à se contrôler la seule nuit du mois où il en devenait un, qu’est-ce que cela serait si cela arrivait toutes les nuits ?
« Je peux vous aider Flynn mais vous devez me faire confiance pour cela. » dit Estelle en lui tendant la bague.
Il regarda le bijou avec appréhension. La peur de blesser la personne qui lui tendait amicalement cette main était forte mais il savait que s’il refusait l’aide qu’elle lui offrait, c’était quelqu’un d’autre qu’il pourrait blesser et ça, il ne le souhaitait pour rien au monde. Il devait apprendre à vivre ainsi et le plus tôt serait le mieux.
Il prit la bague et l’enfila à son auriculaire gauche, seul doigt assez fin pour passer à travers cet anneau. La jeune femme fit de même avec un bijou similaire.
Soudain, une lueur bleutée s’échappa des deux pierres et vint les envelopper tous deux. Il sentit son corps devenir plus massif, ses dents devenir des crocs, son odorat s’affiner… Puis la lueur se dissipa, le laissant sous sa forme animale et face à un loup-garou au corps plus fin que le sien dont le pelage gris perle possédait quelques reflets rose pâle.
--§--
Estelle… Elle l’avait grandement aidé durant le peu de temps qu’ils avaient passé ensemble.
Bizarrement, la transformation via la pierre de lune avait comme apaisé la soif de violence contre laquelle il avait tant lutté. La jeune femme lui avait expliqué qu’il devait entrer en harmonie avec l’animal qui était en lui jusqu’à ne faire plus qu’un avec celui-ci.
Elle l’avait entraîné dans une chasse au sanglier pour commencer, le forçant à utiliser son flair puis à poursuivre sa proie jusqu’à pouvoir l’achever. Il dut ensuite faire la course avec elle jusqu’à Halure. Bien qu’il en soit ressorti perdant, il se sentait beaucoup mieux avec lui-même et il reconnaissait qu’il s’était bien amusé pour la première fois depuis qu’il s’était fait mordre.
Cependant, lorsqu’il observa son reflet dans un abreuvoir, il fut surpris de voir le noir de son pelage qui se dissipait, laissant progressivement place à un blanc éclatant. Estelle lui expliqua que c’était la pierre de lune qui faisait cela. Le loup-garou l’ayant mordu ayant le pelage noir, le sien avait pris cette couleur mais la pierre avait en quelque sorte révélé la véritable teinte de sa fourrure.
Après cette nuit, il se reposa au village d’Halure puis remercia sa nouvelle amie pour son aide. Elle lui offrit sa croix en argent mais il refusa la bague, jugeant qu’il n’en aurait pas l’utilité à Aspio.
Quand il rentra chez lui, Repede fut le premier à sentir qu’il était bien plus serein qu’à son départ puis Judith lui fit remarquer que son petit voyage semblait lui avoir fait le plus grand bien. Patty, quant à elle, se montra enchantée de le revoir et lui posa quelques questions innocentes sur son périple ainsi que sur la raison de son départ. Il répliqua qu’il avait besoin d’être seul avec lui-même pendant quelques jours, ce que la petite fille sembla accepter comme réponse.
Puis il alla trouver Yuri. Ce dernier roupillait dans un arbre et il faillit l’en faire tomber lorsqu’il l’appela, le réveillant un peu brusquement. Le brun lui fit quelques reproches puis lui demanda où il était passé durant tout ce temps. Il lui répondit, restant très évasif sur certains points, ce que son ami semblait avoir remarqué s’il se fiait au léger froncement du nez de ce dernier. Cependant, à son grand étonnement, il n’insista pas sur ce point et se contenta de lui dire qu’il était content qu’il soit de retour.
Le temps de parvenir à bien maîtriser ses capacités et d’être vraiment à l’aise avec lui-même, Flynn avait préféré s’impliquer encore plus qu’auparavant dans la vie du village, ce qui sembla beaucoup satisfaire Alexei. Yuri s’en plaignait un peu parfois mais il savait très bien qu’ils avaient besoin de travailler pour survivre. Son ami avait fini par aller, de temps en temps, assister Rita en lui préparant ses repas, la jeune adolescente ayant une forte tendance à oublier de s’alimenter lorsqu’elle était plongée dans ses recherches.
Tout se passait tranquillement au village d’Aspio. Puis un jour, tout commença à basculer…
--§--
Cette nuit-là, c’était la pleine lune et, comme toujours, Flynn se faufilait par un passage caché derrière le vieux moulin pour sortir du village et ainsi pouvoir se transformer sans que personne ne le sache. Son odorat lui indiqua qu’Alexei avait emprunté ce passage un peu avant lui, ce qui n’avait rien de bien alarmant, mais une autre odeur était présente, plus ténue.
Quelqu’un avait découvert ce chemin secret.
Bien qu’il fût persuadé de savoir à qui cette odeur appartenait, il ne parvenait pas à deviner qui exactement. Vraiment curieux…
Une fois dans la forêt, il tomba vite nez à nez avec la forme sombre et massive du seul autre loup-garou qu’il connaissait au sein d’Aspio. Son aîné flairait l’air avec un grand intérêt et il lui était aisé de deviner pourquoi.
« Toi aussi tu l’as sentie ? » demanda le plus âgé d’entre eux, continuant ce qu’il faisait.
« Oui. » répondit Flynn. « Qui est passé par là au juste ? »
« Je l’ignore… Mais qui que ce soit, il a masqué volontairement ou non son odeur. »
Ceci expliquait pourquoi il ne parvenait pas à savoir qui était passé par là. L’ennui, c’est qu’ils avaient intérêt à trouver qui c’était car autrement, ils courraient le risque d’être découvert et il doutait fortement que cette mystérieuse personne se taise…
Soudain, Alexei se mit à légèrement grogner, ce qui ne rassura pas le blond.
« Derrière. »
Flynn n’eut pas le temps de se retourner que le loup-garou était déjà dans son dos, grognant avec force face à un personnage qui gémissait de peur. En regardant ce dernier, il reconnut les cheveux argent et la peau mate de Cumore, l’antiquaire.
« Aidez-moi ! » fit-il, terrorisé. « Je ne veux pas mourir ! »
Le blond n’eut pas le temps d’agir qu’Alexei avait déjà attrapé l’homme à la gorge, le soulevant de terre comme s’il n’était qu’une vulgaire poupée de chiffon.
« Pitié… » dit Cumore d’une voix étranglée.
Ce fut le dernier mot qu’il prononça avant de se faire mordre à l’épaule. Le loup-garou le relâcha, l’air satisfait, et le laissa hurler de douleur au sol.
--§--
C’est ainsi qu’un troisième loup-garou apparut à Aspio et que, pendant un moment, le mystère de cette odeur fut considéré comme résolu.
Cependant, Cumore se montra incapable de dominer la part animale qui était en lui et, lors de sa première transformation, ni lui et ni Alexei ne purent l’empêcher de commettre l’irréparable : attaquer un villageois.
L’homme était un fermier et avait eu pour seul crime d’avoir une vache qui devait mettre bas prochainement, faisant qu’il était à l’extérieur ce soir-là. Le bruit réveilla l’épouse de ce dernier qui vit le loup-garou en regardant à travers la fenêtre de sa chambre.
C’est ainsi que le village fut au courant de la présence d’au moins un loup-garou. Des patrouilles formées de volontaires se firent, rendant plus difficile l’utilisation du passage du moulin et, accessoirement, ne calmant en rien la soif de sang de Cumore lors des nuits de pleine lune.
Puis, quelqu’un d’autre finit par les découvrir : Zagi, un individu assez désagréable qui était arrivé depuis peu à Aspio. Il manifesta un vif intérêt à être transformé en loup-garou, ce qui sembla beaucoup intéresser Alexei. Flynn constata rapidement que si Cumore luttait en vain contre l’animal qui s’était éveillé en lui, Zagi ne cherchait même pas à le contenir, bien au contraire.
--§--
Cette nuit-là, ils s’étaient presque tous réunis dans une clairière. La pleine lune brillait intensément dans le ciel nocturne.
« Il faut mettre un terme à tout ça. » fit Flynn sous sa forme de loup-garou blanc.
« Et comment comptes-tu faire ça ? » répliqua sèchement Cumore. « Ils veulent nos têtes et ils ne s’arrêteront que quand ils auront eu l’un d’entre nous… »
« Tu veux dire quand ILS t’auront mis la main dessus Cumore. » coupa Alexei, le regardant d’un air menaçant.
Même en loup-garou, l’antiquaire restait terrifié par le chef du village et n’osait guère le contredire. Et puis le plus âgé avait raison dans sa déclaration.
« J-Je ne suis pas le seul fautif dans cette histoire ! Ce fou aussi a du sang sur les mains ! »
Il y avait une seule chose qui avait été bénéfique avec Zagi, c’était qu’il faisait suffisamment peur à ce trouillard de Cumore pour que son envie de tuer les nuits de pleine lune soit proche du néant. Mais le jeune homme, comparé à son aîné, éprouvait un plaisir malsain à faire souffrir ceux qui avaient le malheur de tomber entre ses griffes.
D’ailleurs, Flynn commençait à se demander pourquoi ce dernier n’était toujours pas arrivé…
« Je sais. » répliqua avec un ton glacial Alexei. « Mais n’oublis pas que si je le souhaite, je peux très facilement me débarrasser de toi. »
Soudain, un cri leur parvint, interrompant leur conversation. Le blond sentit son sang se glacer quand il commença à courir vers l’origine de ce bruit. Cette voix… Ce n’était quand même pas celle de…
Il se stoppa lorsqu’il vit une silhouette sombre quelques mètres plus loin et qui était penchée au dessus d’une fillette qu’il aurait reconnue entre mille avec ses nattes blondes. Zagi avait trouvé Patty.
--§--
Quand il était arrivé, Patty respirait encore mais Zagi lui avait infligé des blessures graves. Flynn savait que s’il sauvait la petite fille, il risquait de voir l’autre loup-garou se retourner contre lui. Si ça avait été Cumore, il n’aurait pas hésité à opter pour cette solution mais ce n’était malheureusement pas le cas. Et vu ce que ce taré comptait faire à la jeune blonde, il ne put que demander mentalement à cette dernière de le pardonner pour son geste.
Il repoussa violemment le loup-garou noir et, sans trop réaliser ce qu’il faisait à ce moment-là, il attrapa la tête de la fillette et, d’un geste, lui brisa la nuque, la tuant sur le coup. Quand il commença à s’écarter d’elle, reprenant ses esprits, Zagi lui sauta dessus, furieux de s’être fait enlever sa proie, et tenta de le mordre. Mais ils furent rapidement séparés par Alexei qui fut blessé au bras suite à cela, la mâchoire du jeune loup-garou noir s’étant refermée sur lui.
Sous le choc de la réalisation, Flynn était resté figé sur place, horrifié par ce qu’il avait fait.
Le corps sans vie de la petite fille fut ramené plus près du village par Alexei et ce dernier, alors que le jour commençait à chasser l’obscurité de la nuit, le poussa à se reprendre afin qu’il ne se trahisse pas.
Ce qui faillit le faire flancher fut le moment où il vit Yuri découvrir ce qui était arrivé à Patty. La douleur du brun était fortement palpable ainsi que la haine qui s’émana de lui quand Zagi fut arrêté et conduit sur le bûcher.
Puis, quand son ami céda enfin face à la tristesse et se laissa aller dans ses bras, le blond comprit qu’il ne pourrait jamais avouer la vérité à celui qu’il aimait…
--§--
A présent que plus personne ne pouvait les voir, Yuri ne cachait plus ses émotions. Flynn était derrière lui, le serrant tendrement contre son torse tandis que son ami avait calé sa tête au creux de son cou. Il lui était difficile de voir la personne qu’il chérissait le plus être aussi fragile entre ses bras, au point qu’il avait l’impression de tenir un objet en cristal qui risquait à tout moment de se briser en mille morceaux s’il le lâchait. Son cœur se serrait dans sa poitrine en se disant qu’il était la cause de cela.
« Pourquoi… » répétait sans cesse le brun, les larmes de son regard onyx tombant sur la peau légèrement halée de celui aux yeux saphir.
Le blond grinçait des dents à chaque fois qu’il entendait ce mot. C’était comme si on lui plantait un couteau à chaque fois qu’il était prononcé. Il avait de plus en plus de mal à le supporter et il sentait bien que Yuri était encore loin de s’être calmé.
S’il ne se taisait pas, il risquait de craquer… Il fallait qu’il fasse cesser cette litanie avant de commettre une erreur.
C’est donc ainsi qu’il plaça délicatement sa main sous le menton de cet être qu’il chérissait tant, le forçant à relever légèrement la tête, lui permettant ainsi de pouvoir, durant un bref instant, poser ses lèvres sur cette bouche tentatrice. Lorsqu’il rompit le contact, il vit que Yuri n’allait pas s’interrompre aussi facilement.
Il renouvela son geste mais, cette fois-ci, il le prolongea en un baiser empli de toute l’affection qu’il avait pour celui qu’il tenait contre lui. Il craignit que son regard azur ne trahisse la culpabilité qu’il ressentait mais quand il constata le vide à l’intérieur de ces orbes sombres, il comprit que le jeune homme était ailleurs, totalement inconscient de ce qu’il se passait autour de lui.
--§--
Cette nuit-là, pour la première fois, Flynn avait vu Yuri brisé et cela lui avait été extrêmement douloureux. C’était comme s’il avait tenu une poupée de chiffon entre ses bras et, s’il l’avait voulu, il aurait pu aller plus loin que de simples baisers sans que le brun ne s’en aperçoive. Mais n’ayant aucun désir d’abuser de celui qu’il aimait, il le fit s’allonger sur leur lit et attendit patiemment qu’il s’endorme, lui caressant avec tendresse ses longs cheveux noirs.
C’est ainsi qu’il comprit que s‘il voulait protéger son ami, il allait devoir renoncer à cet amour qu’il lui portait, quitte à en souffrir pendant longtemps.
Puis la vie reprit son cours et, sans la présence de Zagi, Cumore se mit, de nouveau, à montrer des signes de nervosité qui commençaient à fortement déranger Alexei. Quand l’antiquaire tua de nouveau, le chef du village ne cacha pas sa colère face à l’effet de panique que cela avait causé.
Et quand Judith commença à avoir de sérieux soupçons sur l’identité d’un des loups-garous, il n’était pas difficile de savoir qu’elle serait la prochaine à mourir…
--§--
Deux cartouches à blanc… C’était clair et net que l’on voulait que la jeune femme soit sans défense ce soir et, si elle n’avait pas vérifié son arme, elle aurait été en très mauvaise posture. Cependant, Flynn savait très bien que même leurs habituelles cartouches à plombs ne changeaient rien face à un loup-garou donc cet échange n’avait, au final, qu’une seule incidence : accuser Cumore.
Mais ce dernier était lui aussi au courant de cette résistance des loups-garous face aux munitions classiques et il le voyait mal être assez stupide pour faire cela. Cela ne lui laissa qu’un seul coupable possible : Alexei.
Le but de cette manœuvre n’était pas très difficile à comprendre : faire d’une pierre deux coups en se débarrassant d’une personne trop curieuse et d’un personnage qui devenait très gênant.
Cependant, deux jours auparavant, Rita lui avait remis deux cartouches contenant chacune une balle en argent au cas où. Quel meilleur moment que ce soir pour les mettre dans un fusil ?
Il n’eut aucune hésitation à charger l’arme de Judith avec, espérant ainsi qu’il parviendrait à sauver la vie de son amie tout en neutralisant définitivement la soif de sang de Cumore.
--§--
Son instinct ne l’avait pas trompé ce soir-là mais, ce qui l’avait perturbé, c’était cette sorte de vision qu’avait eue Yuri et qui l’avait poussé à envoyer Repede auprès de la jeune femme. Ces rêves étranges que faisait le brun commençaient vraiment à lui faire peur.
Il en aurait bien touché deux mots à Alexei mais, suite à l’épisode du fusil, il avait commencé à nourrir une certaine méfiance envers son aîné. La seule autre personne à qui il en aurait volontiers parlé était Estelle mais, sans pierre de lune, le trajet jusqu’à Halure lui prendrait trop de temps et il n’était même pas certain d’y trouver la jeune femme. Ce fut là qu’il regretta de ne pas avoir accepté cette pierre de lune qu’elle lui avait proposé.
L’autre loup-garou avait visiblement senti son changement d’attitude mais Flynn n’avait pas peur de lui.
Il fut un peu étonné de voir Yuri accompagner Rita lorsqu’elle partit à la rencontre de Duke Pantarei, les motifs exposés par le brun lui ayant semblé être bien légers. Il laissa faire, préférant voir celui qu’il aimait loin de tout cela le temps qu’il tire quelque chose au clair…
--§--
« Cela me chagrine de voir que tu ne me fais plus confiance mon cher Flynn. » lui fit Alexei le soir où il vint lui rendre visite. « Mais je ne peux pas t’en vouloir pour cela. Cependant, te connaissant, tu n’es pas ici pour me présenter des excuses donc je t’écoute. »
Le blond n’était pas très enchanté d’être ici mais il devait savoir…
« Pourquoi m’avoir transformé en loup-garou ? » demanda-t-il enfin, deux ans après avoir été mordu dans ce même lieu.
Un long silence se fit avant que le chef du village ne se décide à prendre la parole.
« Savais-tu qu’il y a toujours eu des loups-garous à Aspio ? J’imagine que non vu que les gens comme toi et moi nous faisons les plus discrets possible. »
Où voulait-il en venir au juste ? Flynn ne parvenait pas à comprendre.
« Avant ta naissance, un de nos prédécesseur à éliminé un intrus qui menaçait la sécurité du village mais, malheureusement, il manqua de prudence et tous surent ce qu’il se passait les soirs de pleine lune. D’autres tentèrent eux aussi de menacer la sûreté d’Aspio et tous subirent le même sort jusqu’à l’arrivée de cette femme… »
Alexei serra momentanément ses poings à ce moment-là.
« Les membres de la meute furent découverts un à un par elle et conduit sur le bûcher et ce, jusqu’à ce que je fus le seul survivant. Je n’ai pas eu d’autre choix que de devoir tenter de la tuer puis de me montrer discret le temps qu’il fallait pour que la panique ambiante s’estompe et que tout redevienne comme avant. »
« Et pourquoi avoir autant attendu avant d’agir ? » demanda le blond, intrigué par cette histoire.
« Car j’ai tout simplement hésité. »
Cette réponse, pour Flynn, n’était pas des plus sincères. Alexei ne voulait pas s’étendre sur ce sujet pour le moment.
« Quand à ta question… Disons que tu me rappelais une personne que j’ai bien connue par le passé… »
--§--
Cette conversation s’était arrêtée ici et elle n’avait strictement eu aucun sens pour Flynn. Cependant, il avait tout de même apprit un fait curieux qui le poussa à s’interroger : pourquoi il y avait toujours eu des loups-garous à Aspio au juste ? Etait-ce un pur hasard ou bien il y avait-il une raison à leur présence ?
Et puis il avait l’impression qu’Alexei voulait lui cacher quelque chose.
Il réfléchit pendant un bon moment à tout cela et finit par aller rendre visite à une des rares personnes de confiance pouvant le renseigner un peu…
--§--
La pleine lune était pour dans quelques heures quand il se rendit chez Hanks. Le vieil homme avait eu l’air étonné de le voir, encore plus lorsqu’il lui demanda des informations sur les premières attaques de loups-garous des années auparavant.
« J’ai du mal à comprendre en quoi cela peut toi aussi t’intéresser Flynn mais soit… » fit le doyen du village.
Le blond tiqua en entendant le mot « aussi » mais choisit de ne pas relever ce détail tout de suite. Il voulait d’abord savoir ce qu’il s’était passé auparavant. Par contre, il ne comprenait pas pourquoi il avait comme un sentiment de malaise depuis qu’il était entré ici…
« Plus de vingt années se sont écoulées depuis ces évènements. » commença Hanks. « Un chasseur avait découvert, par hasard, le corps d’un homme qui, semblait-il, avait été attaqué par une bête. La présence d’une meute de loups fut supposée durant un temps mais aucun de nos troupeaux n’avait subit ce genre de choses récemment. De plus, le cadavre retrouvé appartenait à un illustre inconnu au sein de notre communauté. C’est un mois plus tard que quelqu’un vit un loup-garou tuer un voyageur venu du port de Nor… »
Jusque-là, Flynn trouvait que cela collait avec le peu que lui avait révélé Alexei. Par contre, il trouvait que c’était une étrange coïncidence que les deux premières victimes ne soit pas du village…
« La panique régnait sur Aspio. Durant quatre mois et ce, chaque lendemain de pleine lune, on retrouvait un cadavre quelque part aux alentours du village. Puis pendant deux mois cela sembla se calmer bien qu’aucun des loups ne fut découvert. »
« Et ça recommença. »
« Oui… Avec un personnage assez détestable venu de Zaphias qui furetait partout. Il prétextait que nous ne payions pas assez d’impôts à l’empire. Un autre comme lui montra le bout de son nez quelques semaines après et s’en est pris à cette pauvre fille avant de se faire tuer à son tour. De toute façon, si ça n’avait pas été les loups-garous pour ce dernier, ça aurait été un des villageois. »
Plus Hanks avançait dans son récit et plus Flynn commençait à se poser des questions…
« Et un jour, les loups-garous furent découverts un à un par cette jeune femme jusqu’à ce que le dernier d’entre eux ne tente de la tuer à son tour. Elle a succombé quelques heures après. »
Ce point-là correspondait presque parfaitement à ce que lui avait dit Alexei. Cependant, comment cette femme avait réussi à trouver les loups et à rester en vie aussi longtemps ? Mais d’abord…
« Un truc me dérange… » commença le blond. « A tout hasard, les victimes des loups n’étaient-elles pas toutes étrangères à Aspio ? »
« Maintenant que tu le dis… Aucun d’entre eux n’était originaire de chez nous. » réalisa le vieil homme. « Parmi ceux qui étaient passé par le village avant d’être retrouvés morts, ils étaient pratiquement tous de passage. Iris était la seule exception mais, vu son état, elle n’avait pas vraiment le choix. »
Iris ? Pourquoi ce nom était-il vaguement familier à Flynn ? Où avait-il bien pu le lire ou l’entendre ?
« D’ailleurs, il y avait quelque chose de curieux à son sujet… »
« Quoi donc ? »
« Quand elle est arrivée à Aspio, elle n’avait rien à part les vêtements qu’elle portait et elle restait très secrète sur son passé. Et ce qui était aussi étrange, c’était qu’elle était soi-disant l’épouse d’un de ces hommes tués par les loups mais elle ne portait aucune alliance. En même temps, elle a très bien pu l’ôter quand elle a su pour la mort d’Adam Lowell… »
… Lowell ? C’est là qu’il se souvint où il avait vu le prénom de cette femme : sur la tombe de la mère de Yuri…
--§--
Flynn posa d’autres questions à Hanks sur Iris mais il ne savait pratiquement rien d’elle. Il lui précisa que la seule personne de sa connaissance qui aurait pu le renseigner était sa propre mère, Eléonore Scifo. Les deux femmes discutaient souvent ensemble et, vu l’écart d’environ deux mois entre son anniversaire et celui de Yuri (2), le blond se doutait un peu du pourquoi elles s’étaient liées d’amitié.
Puis il repensa à cette sensation de malaise qu’il avait en étant chez le vieil homme, commençant à se demander d’où elle venait. Lorsque son hôte s’absenta durant une petite minute, il chercha du regard ce qui pouvait en être la source et l’herbier ouvert sur la table attira son attention. Quand il s’en approcha, ce sentiment de malaise s’intensifia et il commença à avoir la nausée. C’est lorsqu’il vit que le livre était ouvert sur la partie consacrée à l’aconit qu’il réalisa que c’était probablement cette plante la cause de son mal-être. Il se souvint ensuite que Rita en avait parlé il y a presque un mois.
D’ailleurs, Yuri était présent ce jour-là et il avait passé toute son enfance dans cette maison. Il avait donc très certainement connaissance de l’existence de cet herbier et de son contenu.
Quand le vieil homme revint, il lui demanda si le brun était passé récemment. Il lui répondit, avec une pointe de réticence, que oui mais sans préciser autre chose. Flynn eut comme l’étrange impression que Hanks ne voudrait rien lui dire de plus.
Le blond avait à présent une certitude : son meilleur ami agissait en douce, comme Patty avant lui, pour trouver les loups-garous. L’ennui, c’était qu’il risquait fort de mal finir…
Il devait s’assurer que tout irait bien pour ce dernier et qu’il ne tenterait rien d’irréfléchi…
--§--
Quand il arriva à leur maison, il put constater que Repede était sur le pas de la porte, surveillant les alentours de son œil valide. L’animal lui jeta un rapide coup d’œil et, pendant cet instant, il lui sembla voir de l’inquiétude dans ce regard…
« Tu ferais peut-être mieux de rester chez Rita cette nuit. Ça aura l’avantage de rassurer Flynn. »
Visiblement, Judith était présente. Flynn devait reconnaître qu’il était d’accord avec l’idée de la jeune femme…
« Je peux me débrouiller tu sais. Ce n’est pas parce que monsieur parfait m’a rétrogradé au rang de demoiselle en détresse que je ne peux pas me défendre en cas de danger. »
Le blond soupira de dépit à cette réplique. Pourquoi avait-il l’impression que Yuri allait encore faire sa tête de mule ?
« J’ai entendu Yuri. » dit-il en entrant à l’intérieur.
« Je vais vous laisser entre vous. » déclara la jeune femme avant de filer, les laissant seuls dans la chaumière.
« Je comprends que tu n’aimes pas cette situation mais tant qu’il y aura un risque… » commença Flynn.
« Tu sais très bien que je peux me défendre Flynn. » coupa froidement Yuri. « J’en ai assez que tu t’obstines à me traiter comme si j’étais une chose fragile. »
Cette réplique ne le convainquit absolument pas. Le brun avait déjà été sans défense une fois et il était hors de question pour lui que cela se reproduise. Il ignorait ce qu’Alexei ferait à Yuri s’il le surprenait seul dans un lieu où il n’était pas censé se trouver.
« Je le sais que tu n’es pas comme ça mais comment veux-tu que je sois tranquille après ce qu’il est arrivé dernièrement ?! » lança le blond avec force.
Il se devait de donner le change s’il voulait être en mesure de protéger celui qu’il aimait… ou du moins celui qu’il essayait de ne plus aimer de cette façon. Mais il avait beau se dire sans cesse qu’il devait oublier ses sentiments, il n’y parvenait pas…
« Et tu crois que moi je ressens quoi quand tu veilles la nuit pour protéger le village ?! » répliqua le brun avec violence. « Si tu m’avais laissé t’aider dès le début, Patty serait toujours parmi nous. »
Flynn grinça des dents à cette phrase, détournant légèrement le regard. Ce coup-ci était difficile à encaisser pour lui, étant responsable de la mort de la fillette. Même si, sur le fond, son ami n’avait pas tort, il ne pouvait pas le laisser prendre des risques inutiles. Et puis, il fallait qu’il lui parle de cet herbier mais il devait se montrer plus calme s’il voulait obtenir quelque chose…
« Ecoute Yuri, je… »
Jamais il ne put achever sa phrase, sa bouche ayant été scellée par une autre dans un geste aussi vif que soudain. Il se figea à ce contact, aucunement préparé à cela. Il eut comme un léger sentiment de malaise qui persista jusqu'à ce que Yuri brise le contact. Avec brusquerie, il le repoussa, ses yeux bleus fixés sur le visage décomposé du brun.
Qu’est-ce qu’il s’était passé ? Que son ami agisse sur une impulsion n’était pas un fait étonnant mais là, qu’il ait cette réaction par la suite n’était pas logique. Sauf si les sentiments qu’il avait à son égard étaient à sens unique…
Flynn baissa les yeux, ne souhaitant pas croiser ce regard sombre qui s’était tourné vers lui. Si Yuri n’avait pas les mêmes sentiments que lui, ça résolvait un de ses problèmes. Cependant, lors du contact, il avait eu une étrange impression, comme si le brun n’était pas dans son état normal…
Sauf que vu ce qu’il venait de se produire, il se voyait très mal rester pour discuter. Il avait vraiment besoin de prendre l’air…
« Flynn… » fit Yuri avec une voix qui manquait grandement d’assurance.
« Je dois y aller. » coupa le blond d’un ton glacé, ne lui accordant aucun regard alors qu’il quittait la chaumière.
Une fois qu’il eut fermé la porte, il crut pendant un instant que ses jambes allaient se dérober sous lui. Repede le regarda d’un air inquiet.
« On a juste besoin d’être un peu seuls Yuri et moi, c’est tout. » dit-il à son fidèle ami canin.
Le chien ne semblait guère convaincu et, de son œil valide, fixa la porte en émettant un léger gémissement plaintif.
Sa condition de loup-garou lui permit de comprendre le sens de ce qu’essayait de lui dire l’animal. Quelque chose dérangeait ce dernier depuis un bon moment au sujet de son autre maître.
--§--
Repede lui avait confié que, depuis un mois environ, Yuri était étrange et que, depuis qu’il était revenu au village il y a quelques jours, ce fait s’était accentué. Etant donné ce qu’il s’était passé juste avant, Flynn décida d’attendre un peu avant de tirer cela au clair avec le principal concerné.
En faisant un tour de garde près du moulin plus d’une heure après, cette légère sensation de malaise refit surface. Le blond hésita un peu puis, s’assurant que personne ne pouvait le voir, il alla examiner le passage permettant de sortir du village. Il ne lui fallut pas longtemps pour sentir une odeur qui n’avait rien à y faire et qu’il n’avait pas perçue depuis très longtemps. Seulement, il y avait un problème : elle était supposée appartenir à Cumore qui était mort à la précédente lune. Comment pouvait-elle être présente et surtout être plus forte que la toute première fois où il l’avait sentie ? Et se pourrait-il qu’elle soit aussi la source de cette sensation de malaise qui l’avait saisie ?
Une idée soudaine lui vint et il se rendit rapidement chez Hanks. La chance voulut que le vieil homme ne dorme pas et qu’il vienne rapidement lui ouvrir. Sans donner de précisions, il demanda à jeter un œil à l’herbier et l’ouvrit à la page de l’aconit. A ce moment-là, il respira profondément et, comme il le supposait, l’odeur de la plante était proche voire quasi identique à celle du moulin.
Donc qui que soit la personne qui était passée par là, elle avait été en contact avec de l’aconit récemment ou bien en avait sur elle. Et au sein du village, excepté Hanks, il n’y avait que Yuri qui savait à quoi ressemblait cette plante.
Flynn jugea qu’il était plus que temps de cuisiner le brun sur ses agissements et de tenter de savoir ce qui pouvait bien clocher chez lui. Seulement, quand il revint à la chaumière, il ne s’attendait pas à trouver Repede allongé au sol, visiblement drogué. L’animal respirait encore mais quoiqu’il ait mangé, ça l’avait endormi.
C’est en entrant que, comme il le craignait, l’endroit était vide. Il n’y avait aucun signe de lutte mais une tasse brisée au sol lui laissa penser un instant que Yuri avait peut-être lui aussi été drogué avant de se faire enlever. Cependant, en s’attardant un peu sur les morceaux de cet objet, il réalisa qu’aucun d’eux n’était humide.
Une mise en scène ? Mais dans quel but ?
Le blond, craignant le pire, décida d’attraper sa sacoche de cuir et de charger dans son fusil la dernière balle en argent en sa possession au cas où.
--§--
C’était la dernière chose dont Flynn se souvenait avant d’être entré dans la forêt. Vu comme son corps lui faisait mal, il estima qu’il avait dû se battre et qu’il avait été blessé. Probablement par Alexei.
Non… ce n’était pas tout. Un autre détail lui revint. Le son d’un fusil…
Mais même si un chasseur les avait trouvés, les cartouches à plomb ne lui auraient rien fait s’il s’était transformé cette nuit-là. Sauf bien sûr… si c’était sa propre arme qui avait tiré.
Il avait besoin d’encore un peu de temps pour se remémorer ce qu’il manquait…
--§--
Son corps était terriblement engourdi quand il se réveilla et sa gueule était pâteuse. Repede n’eut pas besoin de plus pour comprendre que sa nourriture avait été agrémentée d’un ingrédient supplémentaire qui n’aurait pas dû s’y trouver. Pourtant, c’était bien son maître qui l’avait nourri donc… il ne s’était pas méfié.
En se redressant sur ses pattes, il se jura de ne plus jamais commettre pareille erreur. Seulement, quand il réalisa que le jour était en train de se lever, il sut qu’il avait failli à sa tâche.
Il huma brièvement l’air, percevant les odeurs de ses deux maîtres mais aucune d’elles n’était très récente. Ils n’étaient donc pas rentrés et ça, c’était très mauvais.
Il aurait dû directement faire part de toutes ses craintes à Flynn quand il en avait eu l’occasion. Cependant, vu comme il avait du mal à se déplacer, il se voyait mal partir à sa recherche maintenant.
La seule chose qu’il pouvait faire était de trouver quelqu’un au sein du village qui pourrait le comprendre et ainsi l’aider mais les deux seules personnes qu’il connaissait et qui en était capable n’étaient plus là… Judith, bien qu’habituée aux animaux, ne parviendrait pas à bien communiquer avec lui et Rita en était tout bonnement incapable.
Une odeur métallique vint à ses narines, portée par le vent léger qui soufflait dans sa direction. Du sang…
Il s’avança péniblement vers l’origine de ce fumet, permettant ainsi progressivement à son corps de se remettre de cette nuit désagréable. Son œil unique lui permit de constater qu’il allait droit en direction du vieux moulin, lieu où Flynn allait souvent depuis qu’il était devenu un loup-garou.
Le parfum ferreux se fit plus intense à mesure qu’il se rapprochait. Il pénétra dans la bâtisse à travers un passage juste assez grand pour lui et y trouva, adossé à un mur, un homme qu’il reconnut comme un des habitants du village et qui, s’il se fiait à ce regard marron fixé sur lui, avait senti sa présence.
L’individu avait de multiples blessures sur son corps, aucune ne semblant très grave mais elles étaient suffisantes pour bien le faire souffrir. Bien que ses habits n’étaient pas déchirés, Repede aurait juré qu’il s’était battu il y avait peu.
« Si tu cherches ton maître, tu risques fort de perdre ton temps. » fit l’homme de sa voix grave.
L’animal dressa les oreilles à cette phrase. Il huma l’air de nouveau et reconnut une odeur similaire à celle qui s’était mêlée à celle de Flynn lorsqu’il était devenu un loup-garou. Cet homme était donc celui qui avait mordu son maître. En temps normal, il aurait grogné après cet individu mais, actuellement, il était peut-être la seule personne du village à pouvoir réellement le comprendre…
Repede tenta le coup et lui demanda brièvement ce qu’il s’était passé durant la nuit. L’homme, s’il se fiait à ses yeux, parvenait sans problème à saisir ses paroles.
« J’ai été contraint de me battre avec ton… non… l’un de tes maîtres et notre altercation a été brutalement interrompue… Je serais incapable d’affirmer s’il est toujours vivant vu qu’il semble avoir été touché par un projectile en argent. »
Vu les blessures de cet humain, il avait dû, sous sa forme de loup-garou, se battre avec Flynn. Mais dans ce cas-là, ce dernier avait été blessé par sa propre arme ? Et si sa mémoire était bonne, il n’avait eu que deux balles de ce genre. Quand il en informa son interlocuteur, celui-ci grinça des dents.
« Dans ce cas-là, j’ai commis une erreur en fuyant… Et si mes craintes sont fondées, je ne verrais pas la prochaine pleine lune. »
L’homme sembla réfléchir pendant quelques secondes puis il reprit la parole.
« S’il m’arrive quoi que ce soit ces prochains jours, remets-ceci à quelqu’un de confiance. »
Difficilement, il sortit une sorte de vieux livre du revers de sa veste et le lui tendit. Repede le prit doucement dans sa gueule avant de quitter l’endroit, sentant très bien qu’il n’aurait rien de plus de cet homme.
--§--
Cela faisait déjà un moment que Duke examinait les rangées de cette bibliothèque et Estelle en était à se demander s’il n’était pas train de prendre racine. Elle avait été surprise de le voir frapper à sa porte puis d’exiger qu’il ait accès aux nombreux ouvrages qu’elle avait en sa possession. Elle lui avait proposé de l’aider mais l’homme lui avait précisé qu’il ne savait pas encore ce qu’il cherchait à ce moment-là.
« Vous avez trouvé ? » demanda-t-elle, curieuse.
« Pas encore… » répondit-il, d’un ton lointain.
Soudain, elle le vit enfin faire un geste vers l’un des livres. Il le prit et en feuilleta rapidement le contenu.
« Finalement, je pense que ce que je cherche n’est point ici… » déclara-t-il avant de se tourner vers celle aux cheveux roses. « Quelqu’un t’aurait-il emprunté l’un de tes livres dernièrement ? »
Estelle réfléchit durant quelques secondes.
« Si je ne me trompe pas, j’en ai prêté trois ces derniers jours. » répondit-elle. « Je crois qu’il y a « la faune d’Illycia et ses alentours », « Traité militaire de l’empire de Zaphias » et « Anciennes légendes de Terca Lumireis. » Si c’est l’un d’eux que vous vouliez, sachez que j’ai lu les deux derniers. »
« C’est le livre sur les anciennes légendes qui m’intéresserait… De quoi te souviens-tu de son contenu ? »
« Hum… Une bonne partie je pense. Je l’ai lu plusieurs fois. »
Duke eut un léger sourire satisfait à cette réponse. Pour lui, c’était encore mieux que d’avoir le livre entre ses mains, Estelle pouvant se révéler être une vraie bibliothèque humaine.
« Y a-t-il mention d’un lieu gardé par des loups-garous ? » questionna celui aux longs cheveux immaculés.
« Voyons… » se remémora la jeune femme. « Ghastfarost était protégée par les vents, Zaude par la mer intérieure et Tarquaron… Je ne crois pas que c’était mentionné pour cette dernière. »
L’homme réfléchit une minute. La tour de Ghastfarost était proche de Dahngrest si sa mémoire était bonne donc elle ne correspondait pas à ce qu’il cherchait. Zaude non plus vu que cette ancienne cité était au milieu de l’eau. Restait Tarquaron…
« Que peux-tu me dire sur Tarquaron ? »
« Hum… C’est une cité qui a disparu il y a bien longtemps et qui détiendrait un pouvoir magique fabuleux ! » déclara Estelle. « Seulement, son emplacement est inconnu contrairement aux lieux que j’ai cités précédemment. »
Duke n’était pas si certain de ce fait… Surtout depuis qu’il avait fait le lien entre le loup-garou qu’avait rencontré la jeune femme deux ans auparavant et le jeune homme qu’il avait vu à Torim.
Tous deux venaient de la ville d’Aspio et celle-ci avait, de ce qu’il avait appris, une meute qui y séjournait depuis pas mal de temps. Il se pourrait qu’il vienne d’en trouver la raison… Ne restait plus qu’à confirmer quelques détails.
« Fais-le rentrer à présent. »
La jeune femme hocha la tête pour signifier qu’elle avait compris. Elle ouvrit la porte et laissa entrer Raven.
« Hey ! C’est des manières de me laisser à la porte comme ça ! » s’exclama le brun avant de tenter d’enlacer la jeune femme qui l’esquiva de justesse. « Mais… Qu’est-ce que tu as contre les câlins princesse ? »
« Arrête de l’embêter. » riposta Duke avec un ton ferme. « Dis-moi plutôt si tu te souviens de cette première attaque des loups dans ton village. »
Le brun soupira puis alla s’asseoir sur un tabouret.
« Mouais… J’étais jeune mais ça s’oublie pas un truc comme ça… » dit-il en se grattant nerveusement l’arrière du crâne.
« Parmi les victimes, y avait-il des personnes nées au sein du village ? » questionna celui aux cheveux immaculés en fixant son regard carmin sur celui azur de son interlocuteur.
« Nan, seulement des étrangers en apparence mais y a juste un homme où le doute peut être permis vu comme il s’était fait défiguré. D’ailleurs, d’après ma petite enquête, tous ceux morts lors de la première vague avaient fait un petit séjour à Nor… Et à l’époque, celui qui gérait la ville en tant que représentant de l’empire était un pourri du nom de Ragou. »
« Il est mort il me semble… »
« Assassiné oui. Officiellement, les soupçons se sont portés sur un certain Adam Wolfgang Lowell avec qui il s’était accroché mais officieusement, il aurait juste été témoin. La rumeur à Dahngrest raconte que ça pourrait être la prostituée qu’il voulait en guise de paiement qui serait la vraie coupable et il aurait endossé la responsabilité du crime à sa place. »
Duke fronça les sourcils à cette dernière phrase.
« Et sur quoi sont basées ces suppositions au juste ? » demanda-t-il avec un certain scepticisme.
Raven sortit de son sac un cahier avec une reliure de cuir sombre et le tendit à Estelle qui, dès qu’elle l’eut en main, se mit à rapidement le feuilleter.
« Harry m’a remis ceci pendant que tu étais avec la demoiselle et le gamin. » fit le brun. « Ca vient directement de chez le Don. »
« Regardez Duke. »
La jeune femme se plaça aux côtés de celui à la chevelure immaculée et lui désigna un passage en particulier du cahier sur laquelle on pouvait lire « Roxanne – Blonde – 15 ans – Mantaic – 1200 Galds » ou encore « Iris – Brune – 14 ans environ – Yurzorea – 2600 Galds ».
« C’était le livre où Ragou tenait ses comptes. » précisa Raven. « Si quiconque l’avait remis à l’empereur, il tombait au minimum pour proxénétisme. »
Le mot « minimum » fit tiquer Duke, lui indiquant par-là que cet ouvrage contenait probablement une information qui aurait été bien plus compromettante pour le magistrat de son vivant. En tournant quelques pages, il découvrit vite la nature du crime de cet homme.
« Mais… Ce sont des titres de tomes de magie noire ça ! » s’exclama Estelle. « Si quelqu’un l’avait su… »
« Il serait allé au bûcher en très peu de temps… » compléta Duke. « Qu’est-il arrivé à ses biens par la suite ? »
« La plupart ont été volés et les tomes qui ont été retrouvés furent brûlés. » répondit Raven. « Quand à ce cahier, il mentionne aussi des primes versées à des mercenaires dont certains noms correspondraient à ceux qui ont été tués par l’ancienne meute de loups-garous d’Aspio. »
Tout commençait à s’éclaircir… ou presque. Certains points noirs subsistaient comme la façon dont Ragou avait eu la certitude que Tarquaron se trouvait près de ce village et sur ce qu’il se passait avec la meute actuelle.
--§--
Depuis l’aube, Judith avait un mauvais pressentiment. Elle sentait que quelque chose de grave s’était produit bien qu’elle ignorait encore quoi pour le moment. Peut-être que si elle trouvait enfin Flynn…
Elle finit par se rendre à la chaumière de ses deux amis une fois qu’elle eut fait le tour du village. Ce qui la frappa fut de voir la porte d’entrée entrouverte et l’absence de Repede devant celle-ci. En pénétrant à l’intérieur, elle constata que, comme elle le craignait, ce lieu était vide d’habitants. Le seul autre détail qui ne collait pas était la tasse brisée, dénotant avec tout le reste qui était exactement comme il était placé lorsqu’elle avait quitté cette demeure la veille.
Quoique…
Elle poursuivit son inspection avec minutie, n’hésitant pas à ouvrir un tiroir ou bien un placard, regarder sous les meubles… En jetant un œil dans les affaires du blond, elle vit qu’il manquait sa sacoche de cuir, ce qui n’était pas forcément un mauvais signe. Mais elle ne se souvenait pas l’avoir vu avec la veille…
Puis elle se baissa pour regarder sous le lit, trouvant d’abord son idée un peu stupide au départ – à part découvrir que Yuri n’avait pas fait le ménage, que pourrait-elle découvrir après tout – avant de tomber sur un petit sachet en lin. Elle l’ouvrit et découvrit à l’intérieur quelques morceaux d’une plante qu’elle pensait connaître.
« Y a quelqu’un ? » fit une voix féminine qu’elle connaissait bien.
« Il n’y a que moi. »
Elle se releva pour voir entrer Rita. Cette dernière semblait être un peu sur les nerfs si elle se fiait au froncement de ses sourcils.
« Mais pourquoi ces deux idiots ne sont pas là ?! » s’exclama la plus jeune tout en parcourant l’endroit du regard. « Et que s’est-il passé ici ? »
« Aucune idée mais j’ai trouvé ceci en cherchant un peu. » dit Judith en tendant sa trouvaille à sa cadette.
La brune prit le sachet et en regarda le contenu. Elle huma l’odeur de ce dernier avant de se prononcer.
« De la valériane. » déclara-t-elle, pensive. « Ça pourrait venir de ma réserve mais je ne me rappelle pas en avoir donné à Yuri. »
Celle aux cheveux bleus trouva curieux que son amie ait immédiatement pensé au brun. Ça mériterait un petit interrogatoire…
« Attend un peu… » fit la plus jeune, réfléchissant. « Est-ce que en fait… Non. »
« Rita ? »
« Ça date d’il y a deux mois mais, un lendemain de pleine lune, j’ai constaté que ma porte était mal verrouillée. Comme j’étais claquée la veille, j’ai pensé que c’était moi mais… »
Rita ne termina pas sa phrase, partant en coup de vent chez elle. Judith, quant à elle, reprit son inspection mais rien d’autre ne lui sembla sortir de l’ordinaire.
Elle quitta la chaumière, se préparant à retrouver son amie quand elle distingua une forme animale allongée au sol et dont la fourrure bleue et blanche ne laissait aucun doute sur le fait que c’était Repede. Elle se précipita vers lui et, en voyant qu’il respirait, poussa un soupir de soulagement. En l’examinant, elle fut rassurée de constater que le chien n’était pas blessé mais, vu son attitude, elle supposa qu’il avait été drogué. Seulement, elle trouvait particulièrement étrange que quelqu’un y soit parvenu. Après tout, Repede n’acceptait jamais, ou difficilement, de nourriture d’une personne autre que Yuri ou Flynn. Il était toujours très méfiant quand ce n’était pas l’un de ses maîtres qui lui donnait à manger...
Par contre, pourquoi avait-il tant de terre sur ses pattes avant ?
--§--
Sa tête était lourde et son épaule était extrêmement douloureuse quand il se réveilla, la vue trouble. Flynn sentait qu’il avait des blessures mais celle qui le faisait le plus souffrir devait être la plus grave. De plus, il avait comme une impression de mort autour de lui.
Après avoir refermé ses yeux quelques instants, il les rouvrit et constata qu’il y voyait déjà bien mieux. Il se leva avec difficulté, son corps endolori ne répondant pas aussi bien qu’il le voudrait. Il observa l’endroit où il était et, de par le fait que l’endroit était construit quasiment entièrement en bois et qu’il voyait la forêt à travers la seul fenêtre qu’il avait remarqué, il devait se trouver dans une vieille cabane de bûcheron. Cependant, la cheminée en pierre était allumée et les fleurs présentes dans le vase en métal qui était sur la table de bois n’étaient pas complètement fanées, ce qui signifiait que quelqu’un vivait ici.
Grimaçant, il s‘éloigna du lit sur lequel il avait à priori dormi un bon moment afin de se rapprocher de la porte. Il l’ouvrit et, tout à coup, il eut l’horrible impression qu’il allait vomir quand une odeur des plus immondes vint à ses narines. Il en chercha l’origine et réalisa que, mélangées aux fougères qui poussaient tout près de la bâtisse, d’autres plantes étaient présentes et qu’il reconnut pour les avoir vaguement vues dans l’herbier d’Hanks il y avait peu.
De l’aconit et en grande quantité visiblement.
Malgré son malaise, il chercha du regard un sentier qui pourrait lui permettre de rejoindre Aspio et ainsi savoir ce qu’il était advenu de Yuri. Malheureusement, aucun chemin n’était visible, la végétation étant plutôt dense au niveau du sol. Il eut cependant la vague impression que quelqu’un l’observait dans les bois, un peu plus loin.
Etait-ce son imagination ?
Il s’avança sur la terrasse de bois, attrapant de sa main gauche la barrière en partie pourrie afin de pouvoir descendre les deux marches sans tomber. Derrière un arbre à quelques mètres devant lui, il vit du mouvement et une partie d’une silhouette humaine devint visible.
Alors qu’il s’apprêtait à rejoindre ce mystérieux personnage, ce dernier retourna précipitamment à l’endroit où il se cachait, intriguant quelque peu Flynn. Mais quand il sentit une main venir brusquement se poser contre sa bouche, il commença à comprendre le pourquoi de cette réaction.
S’il avait été en pleine forme, il aurait pu riposter face à celui ou celle qui était actuellement dans son dos, en train de le bâillonner d’une main et d’entraver ses poignets de l’autre. Seulement, dans son état actuel, il savait qu’il ne ferait pas le poids, surtout avec tout cet aconit qui le faisait se sentir de plus en plus mal.
Durant un instant, il se demanda pourquoi cette personne se contentait de le retenir à cet endroit au lieu de l’attirer à l’intérieur de la cabane. Mais au moment où il se sentit partir, il comprit ce que cet individu cherchait à faire : attendre que l’aconit lui fasse perdre connaissance.
« J’ai encore besoin de toi. » entendit Flynn avant de sombrer de nouveau dans l’inconscience.
1 : Petite fantaisie de ma part. Si vous voulez savoir à quoi ressemble une pierre de lune, je vous invite à utiliser un célèbre moteur de recherche pour cela ou bien à vous rendre dans un magasin spécialisé.
2 : Pour vous épargner un petit calcul, dans cette fic, Yuri est né au mois d’août.
NB : Deuxième partie close. Sauf nouvelle mutation, la troisième partie devrait être la dernière et, probablement, la plus longue des trois.
Auteur vs persos :
Belphégor : T’aurais pas du mal à tuer tes persos ?
Kaleiya : Aucune idée vu que dans l’idée de départ, je ne comptais pas décrire la mort de Flynn ou de Yuri.
Belphégor : J’ai ma réponse à présent…
Kaleiya : De toute façon, dans la dernière partie, je pense que certains évènements ne surprendront personne. Par contre, pour le reste, j’émets quelques doutes.
Belphégor : Je ne veux pas savoir ce qu’il s’est passé dans ta tête de dégénérée pour que tu ais cette idée…