Aquarelle - Prologue
Jan. 6th, 2015 03:44 am![[personal profile]](https://www.dreamwidth.org/img/silk/identity/user.png)
Auteur : Kaleiya Hitsumei
Beta : Eliandre
Titre : Aquarelle
Genre : Aventure, Major character death, Suspence
Rating : T
Note : Gros projet en perspective. Ayant, comme je le craignais, foiré mon coup avec Memories, je retente ma chance dans les fics à chapitres avec ce nouveau projet mais, cette fois-ci, en y incluant de persos originaux que je n'ai pas créé à la va-vite, ce qui devrait rendre ce projet plus solide je l'espère…
Note 2 : Bonne année 2015 au passage et ayant du taf en perspective, pas la peine de me demander quand je vais mettre la suite car avant, il y aura le prélude de "Songes éternels" qui "complète" cette nouvelle fic on va dire. Je ne sais pas encore quand je vais le mettre car je n'ai pas assez avancé à mon goût sur mes projets et que je ne veux pas poster trop vite puis ne plus rien mettre d'un coup. Donc je vous souhaite une bonne lecture et un peu de patience.
Prologue
Deux ans, jour pour jour. C'était le temps qui s'était écoulé depuis qu'une simple expédition pour étudier l'aer krene près de Zaphias avait tourné au cauchemar lorsqu'un groupe d'extrémistes les avaient attaqués. Sur trente hommes – quinze chevaliers dont lui-même, dix érudits et cinq membres de l'Union -, il y avait eu vingt-deux blessés dont deux dans un état critique ainsi qu'un mort dont le corps n'avait jamais été retrouvé, celui-ci étant tombé dans l'aer krene, rendant impossible toute tentative pour le récupérer et tout espoir de le retrouver en vie.
Flynn avait bien compris que le but de ces individus était de le tuer. Ils étaient trop bien préparés et étaient suffisamment nombreux pour les égaler, ce qui laissait penser que quelqu'un au sein du palais avait dû les renseigner. Cependant, les différentes enquêtes menées n'avaient fournies aucune preuve solide et, de plus, aucune autre attaque à son encontre ou à celle de l'empereur n'avait suivi. L'aide des membres de Brave Vesperia n'avait malheureusement pas été d'un grand secours, ne permettant que de conclure que ces extrémistes avaient comme disparu de la surface de Terca Lumireis, laissant à tous un goût très amer en bouche.
L'image de Yuri qui avait reçu ce coup d'épée à sa place était encore très vive dans sa tête ainsi que le moment où le sol, fragilisé avec le temps, s'était dérobé sous ses pieds. Flynn se souvenait encore très bien qu'il avait tenté d'attraper la main de son meilleur ami mais une seconde trop tard, leur dernier contact se résumant au frôlement de leurs doigts.
Cet évènement avait créé comme un vide en lui et avait eu de multiples conséquences.
La disparition d'un de leurs meilleurs combattants et membre fondateur avait affaibli Brave Vesperia, les forçant à travailler plus dur pour combler une partie du manque à gagner. Raven avait été d'un grand soutien moral à Karol qui avait été celui de la guilde ayant eu le plus de mal à faire son deuil. Le jeune homme, ayant à présent dix-huit ans, en était ressorti plus fort émotionnellement.
De son côté, Rita n'acceptait tout bonnement pas que ceux qui avaient provoqué la mort de Yuri et perturbé ses recherches ne paient pas pour cela. Elle s'était remise à vivre comme une ermite, travaillant sans relâche et chassant quiconque – excepté Estellise – osait la déranger. Elle était littéralement devenue une recluse.
Quant à lui, avant cet évènement, ses projets d'avenir sur le plan personnel – et indirectement professionnels – étaient plutôt radieux suite à ses récentes fiançailles avec Estellise, moyennement approuvées par la noblesse et le Conseil. A son départ, la jeune femme était très occupée à planifier tous les détails de leur mariage, souhaitant que ce jour soit absolument parfait. Mais à son retour, face à son regard vert qui, après avoir remarqué les nombreux blessés, cherchait avec inquiétude le jeune homme aux longs cheveux bruns, il dut lui annoncer la triste vérité. Il y eut quelques secondes de déni avant qu'elle ne fonde en larmes dans ses bras. Les préparatifs de leurs noces furent d'abord retardés puis, face à la dégradation de leur relation, définitivement annulés une fois les fiançailles rompues.
Estellise avait besoin d'aller de l'avant et elle avait compris que ce ne serait pas avec lui qu'elle pourrait faire cela. De plus, elle était la seule qui pouvait raisonner Rita quand celle-ci devenait littéralement folle de rage au point d'en détruire tout ce qui avait le malheur d'entrer dans son champ de vision.
Flynn avait eu un peu de mal à encaisser cette rupture et s'était encore plus plongé dans le travail qu'à son habitude, au point que Sodia avait dû à plusieurs reprises le freiner jusqu'au jour où, en ayant probablement assez de le voir s'épuiser ainsi, elle lui avait remis les idées en place avec une violence particulièrement surprenante venant d'elle. Elle s'était ensuite excusée de lui avoir hurlé dessus puis giflé mais il ne lui en voulait pas, bien au contraire. C'était exactement ce dont il avait besoin et cela lui avait permis de commencer à pouvoir tourner la page.
Seulement, il y a quelques jours, le cauchemar recommença.
Qui avait mis au point ce piège ? Il l'ignorait mais ce qui était certain, c'était que c'était lui la cible et que son lieutenant ne méritait pas d'être dans l'état dans lequel elle était actuellement. Certes, sans elle, c'est lui qui aurait subi le plus de dommages dans cette explosion et qui serait allongé dans un lit, gravement brûlé sur une bonne partie du corps et avec d'autres blessures dues aux objets projetés et aux meubles s'étant effondrés.
Sodia avait remarqué avant lui que quelque chose n'allait pas dans la bibliothèque, la domestique qui en était sortie avant eux ayant une attitude étrange. Elle comprit quelques secondes avant le drame qu'ils ne devaient pas rester là et l'avait poussé à sortir de la pièce. Seulement, l'explosion eut lieu et si lui fut projeté à l'extérieur, sa subordonnée se retrouva envoyée contre un mur avant qu'une énorme pile de livres ne lui tombe dessus et qu'un incendie ne se déclare. Le choc l'avait sonnée et, le temps que les hommes de Leblanc n'arrivent sur les lieux, le feu l'avait atteinte. Ses cris de douleurs résonnaient encore dans ses oreilles et sans cela, ils ne l'auraient pas trouvée à temps. Mais bien qu'elle ait survécu, les dommages que son corps avait subis étaient lourds autant physiquement que mentalement.
Le dos de la jeune femme ainsi qu'une partie de sa jambe gauche étaient les parties de son corps qui souffraient des plus graves brûlures. Sa tresse avait pris feu elle aussi et Flynn, devant agir très vite, l'avait coupée. Elle allait très certainement garder des cicatrices sur la joue et ce, même si cette partie n'était pas aussi brûlée que les autres.
Bien qu'Estellise était à Halure lors de cet incident, les médecins étaient rapidement intervenus et lui avaient confirmé que si elle était restée plus longtemps dans la pièce, elle serait morte brûlée de par le fait qu'elle était allongée au sol et que le feu se propageait essentiellement par projections de diverses braises. Lui ainsi que les hommes de Leblanc furent gardés en observation afin de s'assurer qu'ils n'avaient pas respiré trop de fumées. De ce qu'il sut par la suite, l'incendie fut vite maîtrisé et ce, grâce à une pompe à eau (1) basée sur le mana qu'avait mise au point Rita ainsi que le fait qu'ils avaient agi très vite et qu'excepté les meubles et leur contenu, les murs et le reste de la bibliothèque étant fait de matériaux comme le marbre ou le grès et les portes, bien qu'en bois, étaient épaisses (1).
De par la douleur qu'elle ressentait, Sodia avait dû être mise sous sédatifs pour lui permettre de récupérer et la gravité de ses blessures lui promettaient une longue convalescence avant de pouvoir revenir à son poste. Flynn ainsi que l'empereur Ioder avaient été mis sous protection pour prévenir une éventuelle nouvelle tentative d'assassinat et le capitaine Leblanc avait mené les recherches dans tout le palais pour retrouver le coupable et aussi s'assurer qu'il n'y avait pas d'autres dangers possibles qui avaient été placés.
Seulement, personne n'avait jugé nécessaire d'assigner un garde à la jeune femme autre que des médecins car, celle-ci étant maintenue endormie, elle était devenue une proie très facile.
C'est une infirmière, qui était chargée de vérifier chaque matin ses pansements, qui réalisa que celui qu'elle avait à la jambe avait été défait puis mal refait. Elle avait immédiatement alerté un médecin qui était à proximité, occupé à discuter avec le conseiller Maxwell, qui avait d'abord dit qu'elle se faisait des idées mais face à son insistance et au fait que le membre du conseil avait cru bon de lui rappeler que le père de Sodia était une bonne connaissance à lui, il vérifia les dires de l'infirmière, ne pouvant que constater, après avoir ôté le bandage, qu'elle disait vrai, ayant découvert une incision suspecte, refermée à la hâte avec des points de suture particulièrement mal réalisés.
De ce que Flynn avait pu comprendre, quelque chose avait été sectionné dans sa jambe, plusieurs nerfs apparemment, et ce n'était pas réparable. Le coupable avait fait cela sciemment car rien de par ses blessures ne nécessitait une intervention chirurgicale. L'auteur des faits était peut-être un médecin ou même tout simplement une personne avec assez de connaissances en anatomie. Donc même si les blessures de Sodia dues au feu guérissaient, elle ne pourrait jamais reprendre son poste de lieutenant, ayant perdu l'usage de la jambe gauche.
Après avoir ordonné à un de ses chevaliers de confiance d'assurer la sécurité de sa subordonnée jour et nuit dans le cas où un évènement de ce genre risquait de se reproduire – il en doutait mais mieux valait la mettre sous protection –, Flynn avait discrètement quitté le palais pour se rendre à ce fameux aer krene où son meilleur ami avait perdu la vie.
Ce n'était pas très agréable de se tenir ici, devant l'épée de Yuri, Seconde Etoile, plantée dans le sol depuis le lendemain de ce jour fatidique. Il pouvait constater que, de par la présence des nombreuses fleurs laissées au pied de ce qui servait de pierre tombale, quelqu'un était très certainement passé avant lui.
« Hey… » commença-t-il avec difficulté. « Je sais que j'aurais dû venir plus tôt mais… J'imagine que tu es déjà au courant. »
Le silence fut sa seule réponse. En même temps, il s'y attendait un peu.
« Je ne comprends pas ce qu'il se passe. Il y a deux ans, ils nous ont attaqués et ont disparus juste après… ta disparition. Cette fois-ci, il y a eu cet attentat dans la bibliothèque qui m'était très certainement destiné. Si j'étais leur cible, pourquoi revenir s'en prendre à Sodia ? »
Ce n'était pas logique. C'était comme si ce mystérieux ennemi s'était volatilisé à chaque fois en ne laissant quasiment aucun indice de son passage. Avaient-ils accompli leurs objectifs ou non ? C'était impossible à dire.
Flynn s'apprêtait à faire demi-tour quand il eut soudain un mauvais pressentiment. Son instinct lui hurlait de prendre son épée, comme s'il était menacé d'une façon ou d'une autre. Il prit donc rapidement son arme en main et se retourna rapidement… pour se retrouver nez à nez avec un étrange individu se tenant à environ cinq mètres de lui.
Il lui était difficile de dire si c'était un homme ou une femme, ses vêtements gris et kaki étant assez amples pour dissimuler ses formes, la capuche assortie masquant ses cheveux et son visage étant caché par d'énormes lunettes aux verres sombres et par une espèce de masque de métal sombre parcourue de diverses fentes au niveau de ce qui devait correspondre au nez et à la bouche, faisant qu'il entendait distinctement sa respiration calme et lente. Ses seules certitudes étaient que cette personne était plus petite que lui et qu'elle tenait une dague dans sa main droite. Par contre, elle avait aussi l'air d'avoir un autre objet dans la main gauche mais il n'était pas certain de ce que cela pouvait être.
Le jeune homme se mit en garde tandis que son mystérieux adversaire pencha sa tête sur le côté, rangeant au passage ce qu'il tenait dans sa main gauche dans une poche de sa veste. Il plaça ensuite la dague à l'intérieur d'une de ses bottes, ce qui intrigua quelque peu Flynn. Allait-il se rendre car il l'avait découvert avant qu'il n'ait pu passer à l'acte ?
Il comprit que non quand, il ne sut pas vraiment comment, son adversaire sortit de ses manches deux épées à lame courte qui ne devaient pas dépasser les cinquante centimètres de longueur.
Le mystérieux ennemi fut le premier à lancer son attaque, comblant si rapidement la distance entre eux que Flynn ne parvint que de justesse à parer le coup avec son bouclier. Il riposta presque immédiatement mais son épée fut arrêtée par celles de son adversaire, celui-ci les ayant croisées de sorte à bloquer l'avancée de son attaque. Lorsqu'il tenta de forcer pour lui faire lâcher ses lames, l'ennemi recula aussitôt d'un bon mètre avant de foncer sur lui à nouveau, visant son flanc droit. Ce ne fut qu'en pivotant sur lui-même que le jeune homme parvint à réussir une nouvelle parade avec son bouclier, ce qui fit à nouveau se reculer son opposant.
Flynn s'apprêtait à lancer une nouvelle riposte quand un léger bruit le fit se stopper. Son adversaire l'avait manifestement entendu lui aussi car il avait cessé de bouger, scrutant rapidement les alentours. Ce son se fit à nouveau entendre et son mystérieux opposant se mettait à présent à fixer un point derrière lui.
Puis, sans prévenir, il lança avec force une de ses lames dans la direction en question et le jeune homme, après avoir senti le sifflement de la lame près de son oreille gauche, perçut à peine une seconde après un son étranglé puis le bruit typique d'un corps qui s'écroulait au sol.
En se retournant, il put voir un homme allongé au sol, l'épée plantée entre ses deux yeux et ses bras bougeant encore faiblement avant de tomber raides, lâchant au passage le poignard qu'il avait en main. Le plus étrange était le bracelet qu'il avait à son poignet et qui ressemblait fortement à un blastia encore en état de marche.
« Reste pas comme ça beau gosse car ils sont encore onze. » fit une voix féminine à côté de lui.
Cette personne était donc une femme.
Un autre bruit suspect s'approcha de lui et, sans réfléchir, il donna un grand coup d'épée dans ce qu'il voyait être du vide et fut très surpris de sentir que sa lame s'était enfoncée dans quelque chose. En la retirant, il fut stupéfait de voir apparaître un homme, tenant lui aussi un poignard dans la main et possédant un bracelet semblable à celui qui avait été tué par la femme mystère, tomber au sol.
Ce fut là que Flynn réalisa qu'il venait d'avoir une réponse à l'une des nombreuses questions qu'il se posait depuis deux ans : pourquoi l'ennemi avait subitement disparu. Il était tout simplement devenu invisible…
Si le Commandant ne pouvait percevoir ses adversaires qu'aux sons qu'ils émettaient en se déplaçant, il soupçonnait fortement que cette étrange combattante pouvait les voir d'une manière ou d'une autre vu qu'elle avait été capable de lui dire combien ils étaient en tout.
Juste après avoir pensé cela, la femme fonça sur lui et, d'une pirouette, lui sauta par-dessus tout en lui mettant sur le nez les énormes lunettes qu'elle portait jusqu'ici.
Si, jusqu'ici, il ne voyait que la grotte contenant l'aer krene, à présent, il percevait d'étranges formes blanches et brillantes qui se dirigeaient vers lui et vers la femme, manifestement avec des intentions hostiles.
« Comme ça, ce sera plus facile pour toi. » déclara-t-elle en se plaçant à côté de lui pour trancher le bras d'un de leurs assaillants avant de lui planter son autre lame dans le ventre.
« Qui sont ces hommes au juste ? » demanda-t-il en parant un coup avec son bouclier avant de riposter d'un coup d'épée mortel.
« Tout ce que je sais, c'est qu'ils se tenaient en embuscade quand je suis arrivée et que je n'ai pas compris tout de suite que c'était moi qu'ils attendaient. »
Ils continuèrent d'éliminer leurs opposants un à un jusqu'à ce qu'ils furent tous à terre, morts ou agonisants. Flynn ôta cette étrange paire de lunettes tandis que la femme enlevait son masque et sa capuche, lui permettant de constater qu'elle avait un regard bleu acier rempli de dureté et de colère, de longs cheveux châtains aux reflets chatoyants coiffés en trois tresses qui avaient été faites à partir d'une même queue de cheval et une peau claire sans imperfection.
Elle marcha vers l'homme le plus proche, mort après avoir eu le cœur transpercé, et se pencha pour regarder à l'intérieur de sa bouche.
« Tss. Il a la langue coupée. » déclara-t-elle avec un agacement très prononcé avant de se relever et de balayer les autres du regard. « Et ça doit être pareil pour les autres donc inutile d'essayer de les interroger. »
Elle passa ensuite à la fouille du cadavre tandis que Flynn se rapprocha pour observer ce qu'elle faisait. Son regard se fixa sur le bracelet que portait l'homme lorsqu'elle s'attela à le lui ôter.
« Est-ce que c'est un blastia ? » demanda-t-il avec curiosité.
A sa question, la mystérieuse femme se tourna vers lui, ne comprenant visiblement pas de quoi il parlait.
« Blastia ? » répéta-t-elle, ses yeux bleus remplis d'incompréhension avant de désigner le bracelet. « C'est ça que tu appelles ainsi ? »
« Euh… Oui. » dit-il, assez étonné de par ses réactions. Ne saurait-elle pas ce qu'est un blastia ?
« Hum… Ça fonctionne comment un blastia exactement ? »
Exact, elle ne savait pas ce que c'était. Il lui expliqua rapidement le principe et leur conception en précisant que, normalement, ils ne pouvaient plus fonctionner depuis la destruction de l'Adephagos cinq ans plus tôt.
« Alors non, ça ne correspond pas mais j'admets qu'il y a des similitudes frappantes… » déclara-t-elle fermement en regardant le bracelet doté d'une pierre d'un jeune très clair en son centre encadré de quatre pierres, plus petites, d'une couleur laiteuse. « Pour être honnête, ça ne vient même pas de ce monde et il ne devrait pas s'y trouver. »
Flynn haussa les sourcils à cette phrase, intrigué. D'un autre monde ?
« Qu'est-ce qu… »
L'inconnue posa brutalement sa main sur sa bouche, l'empêchant de poursuivre sa réplique. Elle le regarda avec un sourire en coin qu'il trouvait particulièrement malsain.
« Ça ne te regarde pas beau gosse. » fit-elle sur un ton mêlant malice et menace. « Tu devrais plutôt te… »
Elle s'interrompit brutalement lorsqu'un son étrange se fit entendre, semblable à un grondement. Elle s'écarta subitement de lui, juste à l'instant où un rayon de lumière s'apprêtait à la toucher. Flynn se retourna pour en chercher l'origine mais un autre le frappa de plein de fouet, lui coupant le souffle avant qu'il ne perde connaissance…
-§-
Elle avait eu du mal à s'éclipser du village sans être repérée par un garde. Certes, elle aurait pu poser son chevalet pour peindre chez elle mais elle se lassait d'avoir toujours les mêmes sujets. La plage était un endroit où elle cherchait sans cesse à se rendre cependant, elle s'était faite attraper par Thomas la dernière fois, ayant perdu une de ses ballerines en marchant dans un sol un peu boueux – elle avait ainsi retenu qu'elle avait intérêt à mettre d'autres chaussures si elle passait par la forêt.
Ce coup-ci, elle avait pris cette paire de bottes de rechange dans le peu d'affaires qu'il avait laissé – elle avait dû retenir un cri de joie en s'apercevant qu'elles étaient pile poil à sa taille – puis avait déclaré qu'elle était fatiguée afin de pouvoir gagner un peu de temps. Quand elle fut certaine que la voie était libre, elle ouvrit la fenêtre de sa chambre et s'éclipsa. Elle récupéra ses affaires de dessin dans le buisson où elle les avait cachées et traversa les bois jusqu'à la plage. Après avoir trouvé un coin qui lui convenait, elle s'était installée et avait commencé à peindre le paysage.
« SASHA ! »
Surprise, Sasha lâcha son pinceau qui laissa une tache de peinture verte sur la longue jupe beige qu'elle portait avant de tomber au sol. Elle se retourna rapidement, se doutant très bien que ses yeux gris perle allaient rencontrer la haute silhouette de Thomas qui se rapprochait rapidement d'elle en la fixant de ses yeux bleus aussi durs que l'acier.
N'ayant guère envie de voir son escale se terminer aussi vite, la jeune femme préféra abandonner tout son matériel de peinture et prendre la fuite tant qu'elle le pouvait encore, attrapant juste ses bottes avant de foncer sur la plage de sable fin. Elle aurait bien aimé pouvoir prendre le temps de savourer ces sensations sur ses pieds nus mais là…
« REVIENS ICI SASHA ! »
… Quand Thomas laissait tomber les formalités et les politesses avec elle, c'est qu'elle n'aurait aucune chance de pouvoir discuter avec lui. Chance pour elle qu'il n'ait pas enlevé ses lourdes bottes car tandis qu'il s'enlisait dans le sable, elle pouvait prendre un maximum d'avance.
Ce n'est qu'après quelques minutes de course que, à bout de souffle, Sasha s'arrêta enfin et ôta sa jupe beige, révélant le bermudas de toile marron qu'elle portait en dessous, en dénouant le lacet noir qui servait à la fermer puis, une fois le vêtement changé en une simple pièce de tissu, elle mit ses chaussures à l'intérieur et replia le tissu de sorte à en faire un sac de toile. Elle jeta ensuite un rapide coup d'œil par-dessus son épaule, en profitant pour remettre en place une mèche brune qui avait dû s'échapper de son chignon improvisé, avant de repartir d'une allure plus tranquille, les cheveux châtain foncé de Thomas n'étant plus en vue.
Elle respira à pleins poumons l'air marin, savourant cette liberté si longtemps désirée et qui, elle le savait, ne durerait probablement pas éternellement. Sasha aurait volontiers enlevé sa chemise blanche pour piquer une tête et se rafraîchir un peu, ayant plutôt chaud après être restée un moment à peindre au soleil puis après sa course.
Cependant, quand elle remarqua que quelqu'un était allongé dans le sable, les vagues venant lécher son corps, elle accéléra son allure puis se remit à courir jusqu'à l'atteindre. Elle s'agenouilla près de lui et écarta des mèches blondes humides de son front.
« Tout va bien ? » demanda-t-elle en lui passant la main sur le visage.
Il était brûlant de fièvre mais il respirait. Par contre, elle ne pouvait pas le laisser seul ici et sans défense.
« SASHA ! »
La jeune femme grinça des dents en entendant la voix de Thomas. Il l'avait rattrapée… sûrement en passant par les bois afin de ne pas avoir à enlever ses bottes et ses jambières.
« Si tu t'avises encore de me… » commença le jeune homme qui s'interrompit une fois arrivé à sa hauteur, son regard d'acier se fixant sur celui qui était allongé sur le sable. « Qui est-ce et que fait-il par ici ? »
« Aucune idée. Je viens de le trouver. » déclara-t-elle en commençant à le fouiller. « Vu sa tenue, on dirait que c'est un chevalier. »
« Aide-moi à le tirer loin de l'eau. »
Habituellement, elle ne le laissait pas lui donner des ordres mais là, la situation était différente. Ils le tirèrent plus près des bois puis le brun l'examina plus attentivement, s'intéressant surtout à son uniforme.
« Il doit être gradé, ça c'est certain. » constata Thomas en poursuivant son examen. « Au moins Capitaine je dirais. »
« Il a l'air d'avoir notre âge non ? » demanda Sasha, curieuse.
« Parce que c'est certainement le cas. Par contre, je doute que qui que ce soit le reconnaisse au village. »
Le jeune homme commença à lui ôter son armure avec l'aide de la jeune femme puis il commença à ouvrir le haut de son uniforme, dévoilant ainsi une chaîne sur laquelle se trouvaient deux médailles en argent (3).
« C'est normal qu'il en ait deux ? » se demanda celle aux yeux perle.
« S'il avait un proche parmi les chevaliers qui est mort, il a pu récupérer la sienne. » lui répondit celui au regard acier avant de froncer les sourcils en lisant les noms sur les médailles. « Et on va avoir un problème si on le ramène avec nous. »
« Comment ça ? »
Thomas lui montra les deux médailles sur lesquelles elle put lire les noms suivants : Finath Scifo et Flynn Scifo.
1 : Ce feu ayant eu lieu dans une bibliothèque, il était évident que le combustible serait principalement du papier, ce qui le plaçait dans les feux dit de classe A (solides braisant) qui peuvent être éteints avec de l'eau ou avec ce qu'on appelle de la poudre polyvalente (attention car c'est toxique). Evitez les extincteurs à CO2 dans ces cas-là. Ils sont généralement réservés pour des feux d'origine électrique car contrairement aux autres types d'extincteurs, ils ne font pas de dégâts supplémentaires et étouffent le feu en supprimant le comburant (l'oxygène) mais ne restez pas trop près car vous risqueriez d'être asphyxié. Si vous ne savez pas à quel type d'extincteur vous avez affaire, il suffit de regarder ce qui est écrit dessus. Généralement, c'est indiqué ainsi que les types de feux qu'ils peuvent éteindre.
Dans notre contexte, l'intervention avec la pompe à eau a dû être très rapide car autrement, il devenait hors de contrôle et c'était tout le palais qui pouvait brûler. Donc à ce niveau, ils ont eu de la chance et, de plus, on peut aussi supposer que le feu avait déjà consommé une grosse partie du combustible qu'il avait à sa disposition et que, bloqué par des portes (je ne parle pas des fenêtres car, dans ce contexte, nous allons supposer qu'il n'avait pas de quoi les atteindre comme des rideaux ou des meubles en bois) trop épaisses pour lui, il s'était retrouvé piégé dans la pièce. Cependant, cela n'exclut pas qu'il ait pu se propager d'une autre manière…
2 : Un feu peut se propager de quatre façons : par projection de particules incandescentes, par rayonnement de chaleur, par conduction de la chaleur des flammes au niveau du sol et par convection de la chaleur des fumées au plafond. De par le lieu, la propagation par projection était la plus logique et le papier est un matériau ayant une réaction au feu rapide et produisant des braises. Le bois, bien que pouvant lui aussi prendre feu, met plus longtemps à se consumer suivant son épaisseur (si vous avez déjà fait du feu, vous devez savoir que les grosses bûches sont plus difficiles à enflammer que du petit bois).
Sodia a été malchanceuse sur ce coup car si des livres ne s'étaient pas effondrés sur son corps, le feu ne l'aurait pas atteinte et, confiné comme il l'était, elle serait probablement morte en respirant les fumées dégagées par les flammes et ce, même si elle se trouvait au niveau du sol. Ses meilleures chances de survie était soit de vite sortir de là, soit d'ouvrir les fenêtres (mais logiquement, si les flammes étaient assez chaudes, les carreaux ont dû éclater et permettre ainsi d'évacuer les fumées qui auraient pu descendre au niveau du sol.)
3 : Petit ajout de ma part concernant les chevaliers : une médaille en argent sur laquelle se trouve leur nom. Ça aura son importance par la suite.
Auteur vs persos :
(Suite à une pénurie assez grave de thé chez Kaleiya, tout le monde est allé en chercher avant qu'un désastre ne se produise... Signé Belphégor, actuellement en train d'écouter les CD de sa créatrice pendant que personne n'est là pour le déranger)